La période que nous vivons est angoissante, dangereuse pour les plus vulnérables d'entre nous, et remarquable au sens premier du terme : inédite. Et comme dans toute situation inédite, nous nous retrouvons face à l'inconnu, hors de notre "zone de confort". Hors de nos routines, de nos habitudes, de notre "boite habituelle de pensée". Nous sommes amenés modifier et adapter nos comportements. D'abord pour perdre nos réflexes élémentaires de mobilité, de contact ou de socialisation, imposés par la situation de prévention. Puis ensuite parce que la contrainte - mère de toutes les idées - nous oblige à penser différemment, à revoir notre mode de vie et notre façon de travailler pour une période à la durée incertaine.
Dans cette situation inédite, nous sommes contraints de nous adapter. Cette adaptation nécessaire est le terreau de la créativité : il n'y a qu'à voir les apéro-skype qui s'improvisent, les vidéos qui rivalisent d'inventivité sur le web et sur les réseaux sociaux, les offres nées de la contrainte que proposent certaines entreprises, des conférences qui devaient être reportées et qui se tiennent par comptes Skype interposés, des séances de sport à domicile grâce aux caméras de nos laptops, ces industries qui adaptent leur appareil de production pour fournir masques et respirateurs. Ce sont des manifestations de résilience, et elles témoignent de notre formidable capacité d'adaptation.
Dans cette situation inédite, nous sommes contraints de nous adapter. Cette adaptation nécessaire est le terreau de la créativité.
Revoir notre mode de fonctionnement nécessite une vigilance vis à vis de ce que nous considérons habituellement comme des évidences : descendre dans la rue pour faire des courses, faire une bise à un proche qu'on croise, etc. Casser ces évidences, effacer une partie de notre logiciel pour écrire une nouvelle partition est typiquement ce qu'on appelle faire un acte de pleine conscience créative : on identifie une routine, on la dénoue et on ouvre une page blanche sur laquelle inscrire un nouveau mécanisme de fonctionnement.
C'est typiquement ce mécanisme qui nourrit la première phase d'un processus d’innovation. Et chacun sait qu’il nous faudra être innovant pour rebondir, qu’il faudra de la créativité aux entreprises pour s'adapter et se relancer une fois que nous serons sortis de la crise. Car tout le monde le dit : il y aura un avant, et un après. Nouvelle configuration, nouvelle façon d'envisager les choses. C'est typiquement une démarche de designer qui demande pourquoi les choses sont telles qu'elles sont et qui les envisage sous un autre jour. A la différence que c'est bien la contrainte de l'épidémie actuelle et les angoisses légitimes qu’elle génère qui nous oblige à questionner nos « évidences ».
Cette crise est dure et sans précédent pour nous tous. Lorsque nous en serons sortis, et que nous aurons pansé nos plaies, il ne tiendra qu’à nous de voir la nouvelle situation comme une opportunité pour envisager l'avenir de façon plus créative, nouvelle. Pour sortir de nos prétendues « évidences », et innover. Au-delà du drame que la planète entière est en train de traverser, il faudra reconstruire, dans un monde aux ressources certainement plus limitées. Et qui dit ressources limitées dit nécessaire inventivité. En tant qu’entrepreneur, je suis convaincu que c’est grâce à cette inventivité, à cette créativité et à cette capacité à nous adapter rapidement que nous surmonterons cette crise. Le temps est un facteur clé de réussite pour cela. Alors commençons dès maintenant à travailler ces qualités qui permettront à toutes les organisations, quelles que soient leurs tailles, de s’en sortir.
Alexis Botaya