Dans une tribune récente publiée par le New York Times, l’écrivaine américaine Pamela Paul lance un appel à tous les parents : “Laissez-vos enfants s’ennuyer !” Selon elle, l'ennui boosterait leur créativité et leur capacité à trouver des idées. Alors l'ennui, utile pour tous quand on veut innover ?
S'ennuyer, ça marche et c'est prouvé par la science
Hyperconnectés, surchargés d’activités périscolaires, les enfants d'aujourd’hui ne supportent pas le moindre moment d'ennui. Si on en croit Pamela Paul dans son article du NYTimes, leur apprendre à s’ennuyer permettrait pourtant de leur faire prendre conscience très tôt que c’est à eux de rendre la vie intéressante. Et donc les obliger à "innover" dans leur environnement immédiat, dans leurs activités.
Quoi de mieux alors qu’une chambre d’enfant vide pour stimuler la créativité, pour obliger l’esprit à imaginer de nouveaux “jouets” ? Quand, en tant qu'entrepreneur, j'interviens pour donner une conférence sur ce sujet qui me passionne, je pose souvent la question de l’ennui comme élément du processus créatif. Et en discutant avec d’autres conférenciers spécialistes du même sujet, je me suis rendu compte que beaucoup considèrent également l’ennui comme un moteur de “slow thinking”, de création, d’imagination.
Selon la revue Academy of Management Discoveries, l’ennui stimule la créativité et la productivité.
Or si l’on en croit une étude scientifique publiée dans la revue américaine Academy of Management Discoveries, l’ennui semble en effet stimuler la créativité et même la productivité. Cette désagréable sensation nous pousse à sortir de l’ennui, à nous occuper intelligemment, et booste ainsi notre capacité à innover.
Quid dans le management ?
Ce qu'il faut aussi noter dans cette étude, c'est qu'elle est publiée et relayée non par les revues scientifiques de biologie ou de neurosciences habituelles telles que Nature ou Science, mais par une revue scientifique - tout autant sérieuse - de management !
La question de la créativité, de l'innovation et de l'ennui est donc on sujet qui semble intéresser de prêt les spécialistes de management. Faut-il proposer aux collaborateurs de s’ennuyer ? Impossible. Inimaginable. Et ce n'est peut être d'ailleurs pas tant l'ennui qu'il faut envisager alors, mais le vide. En tout cas la capacité à se concentrer sur un "objet", une idée, loin de toutes distractions.
Dès lors, que penser de ces fameuses salles de créativité et d'innovation, pleines de post-it, de tableaux, de feutres de toutes les couleurs, de jeux ? Sont elles bien propices au mécanisme d'innovation? Ne faudrait-il pas plutôt envisager des salles totalement vides ? Et aménager des temps de vide pour les collaborateurs ? Des temps "d'espace créatif" ?
Ne faudrait-il pas plutôt envisager des salles de créativité totalement vides ? Et aménager des temps de vide pour les collaborateurs ?
On sent bien le paradoxe : si on bloque des créneaux “ennui” dans son agenda, est-ce encore de l’ennui ou est-ce un workshop de plus que l’on s’impose pour ne pas s’ennuyer ? Et comment expliquer à son boss qu’on a décidé de passer du temps à glandouiller en regardant le plafond, pour trouver des idées et augmenter son efficacité ? Que peuvent proposer les entreprises pour “institutionnaliser” l’ennui - ou le vide, l'espace - comme une bonne pratique au travail ? Vaste chantier.
Et vous : êtes-vous capable de supporter l'ennui ? L'utilisez vous pour trouver des idées innovantes.