Cher manager, étouffez-vous la créativité de votre équipe ?

Votre équipe manque-t-elle de créativité ? Découvrez comment ajuster votre management pour encourager l'innovation et maximiser le potentiel créatif de vos collaborateurs. Voici trois stratégies efficaces.

Cher manager, étouffez-vous la créativité de votre équipe ?

Avez-vous déjà pensé à votre propre créativité et à celle de votre équipe ? Vous êtes-vous demandé comment la favoriser, l’encourager, la développer ? La réponse réside peut-être dans une claire compréhension du processus créatif et votre éventuelle envie de le soutenir.

La créativité est cruciale au travail. Et ce n’est pas du tout une évidence : depuis plus de 10 ans que je donne des conférences sur la créativité et l’innovation, à chaque fois qu’une entreprise s’adresse au conférencier créativité que je suis c’est pour me dire combien ses équipes pourraient être plus agiles, combien elles ont besoin de sortir de leur routine de pensée, de leur « box ».

Et ce n’est pas une surprise : le rapport 2023 du Forum économique mondial sur l'avenir de l'emploi a placé pour la première fois la pensée créative en deuxième position des compétences clés.

​”Le paradigme du management du siècle dernier – basé sur le contrôle et l’efficacité – ne suffit plus dans un monde où l’adaptabilité et la créativité sont devenues les clés du succès.”​

- Gary Hamel, London Business School, & Harvard Business School

Pourtant, même si les dirigeants la cherchent, peu d'entre eux créent un environnement qui encourage la pensée créative, que ce soit pour leur équipe ou pour eux-mêmes.

Voici trois domaines où vous pouvez améliorer la gestion de la créativité dans votre équipe. Trois quick wins à activer dès maintenant.

Le timing

La productivité est l'objectif de toute organisation. Définie par des résultats visibles, elle impose un rythme spécifique et urgent, favorisant l'exécution au détriment de la créativité. Normal.

L'exécution des idées et le processus créatif fonctionnent hélas sur des calendriers différents. L'exécution est rapide, cohérente, efficace et stratégique. La créativité, par contre, nécessite de longues périodes de temps ininterrompu pour que les idées germent. Ce que j’appelle dans ma conférence créativité le temps « d’incubation ».

Sureyya Yoruk et Mark Runco, chercheurs en créativité et en neurosciences, ont découvert que lors de tests de pensée divergente, si les participants pensent qu'ils sont chronométrés, ils proposent moins d'idées originales.

Pourtant, vous pourriez me dire que ces fameux moments « eurêka »surgissent rapidement, à l’improviste ! Un autre chercheur en créativité, Howard Gruber, a montré que si ce type d'idées peut sembler rapide, comme un éclair soudain, ces moments sont en fait le résultat d'une longue gestation interne. Une gestation souterraine, inconsciente. C’est ce temps d’incubation incompressible.

Ces longues périodes de réflexion créative, et le fait qu'elles se déroulent à l’abris de la conscience, sont souvent perçues de l'extérieur comme un temps apparemment improductif. Surtout qu’on ne peut pas prédire le moment précis du « eurêka ». Impossible de le mettre en deadline dans un agenda…

Les délais serrés, le flot incessant de courriels et les réunions enchaînées, auront vite fait de reléguer la créativité au second plan.

Pourtant, sans ces nouvelles idées et perspectives générées par le processus créatif, la productivité finit par souffrir et ne plus se suffire à elle-même. Le timing dans la gestion de la créativité dans une équipe est un facteur clé.

Activation :

Les managers relèguent souvent la réflexion créative à des week-ends hors les murs où les équipes seront invitées à « prendre de la hauteur » pendant 6 heures, montre en mains.

Mettez en place des actions continue tout au long de l’année. Des moments de respirations (d’inspiration) dans la brasse coulée du quotidien 😊.Des mini moments de learning, des rencontres inattendues, des moments plus informels, etc.

L’association et le droit à l’erreur

La première idée n'est jamais qu'un début. J’ai coutume de dire dans ma conférence innovation – de façon volontairement provocatrice - que« toute idée naissante est une idée pourrie ». Tout simplement car l’idée ne vaut rien en soit. C’est son exécution (c’est-à-dire sa transformation en réalité concrète) qui a vraiment du sens et fait la personnalité créative et innovante

Quand l'idéation a lieu en groupe, les idées peuvent bénéficier d'une élaboration collective et créative. L'association, c'est la volonté de poursuivre le processus créatif, d'examiner une idée sous plusieurs angles avec la possibilité de l'utiliser autrement ou de l'associer à d'autres idées.

Quand on est pressé par le temps, on s'en tient à la première utilisation apparente d'une idée - par exemple, considérer un crayon comme un simple instrument pour écrire. Ce même crayon, soumis au processus d'association, devient un outil pour attacher les cheveux longs en chignon ou un support horizontal pour les semis fragiles en jardinage.

Encore une fois, le temps devient l'ennemi du processus créatif. L'association prend du temps et de nombreuses idées issues d'une session d'association n'auront pas de sens, un autre terme créatif qui indique si une idée a une utilité réelle pour l'organisation ou le problème en question. Mais pour vingt idées rejetées, une seule pourrait propulser l'organisation à un niveau supérieur.

Il faut donc accepter de se tromper. D’échouer. Pour recommencer.

Activation :

Ne rejetez aucune idée a priori. Faites participer le maximum de personnes dans votre équipe. Et accordez un nombre d’itération à chaque projet ou idée pour lui donner l’opportunité d’être développé.

L'ouverture d'esprit

La créativité peut être développée, mais comme le soulignent de nombreux chercheurs en créativité tels que Ruth Richards et Mark Runco, elle peut aussi être étouffée.

Les dirigeants limitent souvent, sans le savoir, la créativité de leurs employés, souvent dès le début du processus, en ne prenant tout simplement pas le temps d'écouter leurs idées.

Le manager débordé, confronté à de multiples échéances et la réalité des KPIs (sans parler du fait qu’il est souvent en sous-effectif dans son équipe), peut ne pas voir les bénéfices à long terme de l'encouragement à la gestation de nouvelles idées.

Cela renforce des structures organisationnelles et des cultures de travail peu propices où les séances d'idéation, lorsqu'elles existent, sont strictement contrôlées et où l'on s'attend à ce que chaque idée ait de la valeur.

Activation :

Soyons honnête : vous ne pourrez pas toujours être « ouvert »de la façon idéale. Le mieux, c’est déjà d’en avoir conscience, pour que chaque interstice dans le tourbillon du day to day, chaque pause, chaque moment où vous avez recruté et que cela donne de l’air à votre équipe : que chaque moment de ce type puisse être mis à profit pour prendre un temps de recul.

En conclusion : tout est affaire de temps

L'ouverture est une force créative. Les dirigeants qui valorisent la créativité peuvent transmettre cette valeur en repensant l'utilisation du temps. Si les dirigeants se concentrent sur une réflexion à court terme, les échéances et la productivité repousseront les nouvelles idées dans la clandestinité. Si les objectifs sont fixés à long terme, le processus créatif a plus de chances d'être apprécié.

A vous de jouer ! Et un dernier conseil : soyez indulgent, construisez par itération. Ne visez pas tout de suite la grande idée ou le grand soir. Organisez vous plutôt dans un processus step by step.